Poetry works

 

FROM EARTHLING TO GLASSLING

Between Glass & Earth
 
Garder le feu sacré de la création.
Dans mon travail de sculpteur, de père, d’homme,
J’essaie de garder le contact avec le Vivant, le respect de la matière touchée et fragile.
La relation entre l’ancien et le nouveau m’inspire. Nous ne sommes pas nés de la dernière pluie. Nous sommes nés d’un passé. Etre bien avec ce passé, se réconcilier avec lui, c’est être bien dans le présent et offrir une fleur au futur.
L’art est une rose sur une tombe.
Prendre ces traverses qui devaient finir au feu, et leur redonner la verticalité (puisqu’elles ont déjà mis au moins cent ans pour devenir de beaux arbres).
Par la main de l’homme elles ont été coupées, utilisées à l’horizontale pendant peut être cent ans ; je les retrouve usées, fatiguées. Après une bonne toilette, je leur donne une nouvelle vie.
Chaque poutre, chaque morceau de bois est, pour moi, une nouvelle relation ; un nouveau dialogue s’installe.
Comme avec les êtres humains, à la fois si différents et si uniques.
Offrir aux plus démunis l’étincelle nécessaire, la force de se redresser.
Conscience d’Eternité,
Conscience du présent,
Plutôt que des cendres,
Une sculpture où bourgeonne un habit de Verre.
Homme debout, homme de lumière,
Homme verticalisé en marche vers la Beauté.
Aussi naïf que cela,
Merci Nature, Merci Homme,
Alliance sincère d’Amour.
Bien évidemment, l’Art est un travail sur l’être et non sur l’avoir.
Il dépasse la dualité, il n’oppose pas, il est complémentaire. Il éveille.
C’est une relation profonde avec soi-même. Retrouver la confiance en la Terre, en l’Homme pour semer en toute volée la graine Fraternité.
Se retrouver pour retrouver l’Autre. L’Autre est notre unique semence.
Au-delà de la Vie, au-delà de la Mort,
Rester ouvert à la fragilité, à la liberté et à l’amour.
Etre au coeur de la Cassure.
Rendre hommage, révéler la beauté.
L’art n’est pas enfermé, encadré. Il est la conscience du Tout et du Rien, du macrocosme comme du microcosme. Faire un Tout avec presque Rien.
L’art propose une autre ouverture, l’idée que tout homme détient en lui cette lumière intérieure trop souvent oubliée et cultivée. Il réveille nos sens trop souvent endormis. Il nous ramène de façon détournée à l’essentiel. C’est pour cela qu’il ne nous appartient pas.  
Nous ne sommes que des Passeurs de passage.
— Bernard Froment, 2008